- en état de choc joyeux Le regard des autres, le regard sur soi. Les intériorisations transmises, sans trop savoir pourquoi ni comment. On y croit, on n'y croit pas, on le doit, on ne le doit pas. Se voir comme on pense que les autres nous voient. Donner à voir ce que l'on voit et rencontrer un regard qui se voit. Sans voir l'autre, des regards se fuient (en soi-s). Rencontrer un regard et se regarder. Ne pas vouloir devoir partir, en cherchant des perfusions de bienveillance. Pour se bien voir bien, soi et les autres (tous des transmis-sions). Sans trop savoir pourquoi ni comment. S'inventer des pourquoi et comment qui sont des pourquoi et comment figés. A garder, illusions, désillusions, figées. Stratégies de survie. Repères repérés par le temps, les devoirs, les peurs. Et les regards disparus perdus recherchés attendus. Se voir sans penser dans un monde mal aimé de mal aimés. Où l'on n'a rien et tout à perdre. Nuances de joie. Joie de l'ordre du choc. Les larmes ne sont pas loin, la chaise se dérobe. Se voir sans penser hier, aujourd'hui, demain. C'est déjà pansé, le temps du regard. De regarder l'autre en soi, soi en l'autre. En quelques mots qui sonnent joie. Nuances de joie, surprises. La joie aussi a des nuances, parfois muettes. Qui se donnent à voir quand on ne les attend plus.
Joie Joie de je ne sais quoi, Joie de vent, joie de feuille, Joie de flamme d'écureuil, Joie de myrtille au bois. Joie d'être un peu de givre Sur la branche au printemps, Joie de ne jamais suivre Que les chemins montants. Joie d'être tout à coup, Sans même le savoir, Cet appel du coucou, Ce reflet de miroir. Ne pouvoir que crier, Crier, crier encor Des mots comme un pont d'or Sur une eau débordée. Embrasser un bouleau Pour tenir contre moi Quelque chose de beau, Quelque chose de droit, Sans pouvoir apaiser Ni la nuit, ni le jour, Cette envie de parler Au ciel de mon amour, Ce plaisir de bercer Le monde dans mes bras, D'entrer dans une ronde Avec n'importe quoi Et d'être devenu Joie de vent, joie de feuille, D'être myrtille au bois Et flamme d'écureuil Et sans jamais savoir Ni pourquoi ni comment, Je traverse en miroir Tous les palais du temps. - Maurice Carême