Parfois, on se sent tellement perdu qu’on en oublie de penser à chercher un sens à la perte. Perdre peut n’être qu’un manque de soi alors que tout y est pour gagner, voire ne plus penser à perdre ou gagner.
C’est un sourire distrait glané en me baladant qui m’a rappelé de regarder le ciel, le rose très pâle du ciel matinal. Comme un bourgeon de rose avant que le soleil de midi ne fasse voir, au loin, les collines bleues comme des crânes chauves, blancs de neige.
J’attendais, à nouveau, j’attendais de ne plus devoir perdre ou gagner, que ce soit un jour ou une nuit, un toit ou une vie. Cette attente s’est muée en souffrance d’attendre parce qu’il n’y avait pas lieu d’attendre. Je devais perdre ou gagner, que je le veuille ou non. En plus. On joue, jeu d’enjeux, gagnants et perdants du jeu il y a. Une chanson mortelle ressassée par mille voix, je la répétais en attendant que ça cesse. Je la répète, en attendant que ça passe.
Si d’autres n’avaient laissé des traces de leurs attentes, je pense que j’aurais arrêté d’espérer depuis longtemps dans un non-sens questionnant. Les mots soulagent et consolent parfois, même dans le creux des plus longues attentes. Peut-être parce que, comme l’a écrit Paul Eluard, “Il n’y a pas de hasards, il n’y a que des rendez-vous.”
Si j’ai rendez-vous, mes pas ont un sens; même si je ne comprends pas le hasard qui fait que je suis là, à marcher en attendant des rendez-vous.